Pour le bien de la terre

Préface

Le bonheur est dans le pré

«Au milieu de la difficulté se trouve l’opportunité»
Einstein

C’est l’agronome en moi qui parle! La professionnelle des sciences agricoles qui a compris que ce n’est pas un rapide coup d’œil sur le terrain ou une lecture, même exhaustive, de données chiffrées qui permet de prendre la juste mesure d’une situation appelant une recommandation agronomique ou une décision. C’est l’agronome en moi qui sait bien l’importance de voir, constater, toucher, sentir les éléments, les plantes, le sol, les champs ou le troupeau avant de proposer une intervention ou de recommander quoi que ce soit. Dans le métier, on appelle ça avoir de la boue sur ses bottes...C’est cette remarquable capacité de connecter avec la terre que j’ai d’abord reconnue chez Louis Robert, un confrère agronome que je côtoie depuis mon passage à la présidence de l’Ordre des agronomes, au tournant des années 2000. Sensible à la question de la qualité de l’environnement agricole, Louis possède une remarquable sagesse agronomique et surtout, la nécessaire modestie de l’homme face à la nature. Il sait que la Science, avec un grand S, avec tous les outils qu’elle met à notre portée, n’est pas très utile si on n’a pas de boue sur ses bottes.S’il est une chose que cet agronome de cœur et de ter-rain a comprise, c’est qu’il était grand temps de remettre en question nos façons de faire les choses en agriculture, nos façons de la développer et les habitudes et réflexes qui se sont imposés en production agricole. Un retour à la terre, en somme! Comme quelques autres de la profession, il a bien compris que l’avenir passe par la diversité des cultures, la diversité des productions et des modèles de ferme. Et qu’il faut se recentrer sur une base essentielle, la santé de la terre. Cette terre demeure l’essence même de notre capacité de nous nourrir, elle est à la base de notre richesse collective, puisqu’une nation qui ne nourrit pas son monde est en péril sur tous les plans.C’est à un productivisme acharné auquel s’est attaqué Louis Robert. Avec le productivisme, on est dans une visée contraire à la santé des sols et de l’agriculture. On souhaite produire toujours plus, entre autres pour exporter davantage, notamment comme il est proposé dans un récent rapport canadien du Conseil consultatif en matière de croissance économique (paru en février 2017). Et on souhaite vendre plus de toutes ces poudres de Perlimpimpin qui font la richesse des industries agrochimiques, sans égard aux besoins réels de cultures ou d’élevages. C’est une fois de plus réduire l’agriculture à une activité économique! L’agriculture, c’est SOCIO-économique. Louis l’a bien compris. 

- Claire Bolduc