Traversée de l'Amérique dans les yeux d'un papillon

On change de peau chaque fois que quelqu’un nous raconte son histoire. On oublie d’où l’on vient. On ne sait plus à qui appartiennent cette tristesse, cette joie. On est parfois léger, on butine, parfois lourd comme une pierre. On écoute les ancêtres des gens chez qui l’on dort. On s’étend et l’on meurt chaque nuit. On se lève serein. On est seul et tout le monde à la fois. On tient l’immen-sité du bout des doigts, délicate comme une fleur de myosotis avec son parfum de don’t forget me. On change de pays à tire-d’aile. On a de grands yeux et l’envie de grandir jusqu’au ciel.

Et quand le soleil se lève, on se rend compte qu’il fait partie du monde des terriens.